À Saint-Martin, l’économie sociale et solidaire n’est plus une option marginale, mais un véritable outil de transformation économique. Adoptée en 2023, la feuille de route a franchi une étape importante avec le projet de création d’une Chambre territoriale de l’ESS (CTESS). Véritable pivot, cette instance visera à structurer un écosystème encore fragile : aujourd’hui, 82 structures relèvent de l’ESS sur l’île, dont 86 % d’associations, générant 181 emplois.
La CTESS aura ainsi pour mission de fédérer et d’accompagner les acteurs locaux, en apportant un soutien administratif, des formations et une mise en réseau. Déjà treize porteurs de projets ont bénéficié d’un accompagnement personnalisé incluant ateliers, incubation et aide au développement de modèles coopératifs. Le Dispositif local d’accompagnement, piloté depuis la Guadeloupe, vient renforcer ce socle en épaulant les associations saint-martinoises.
Au-delà, plusieurs leviers structurants sont en cours : un observatoire territorial pour mesurer l’impact socio-économique de l’ESS, un fonds de dotation dédié et le déploiement de Pôles territoriaux de coopération économique favorisant innovation et partenariats. À l’échelle caribéenne, la création d’un Pôle d’excellence pour la formation des cadres devrait compléter cette dynamique.
Il s’agit d’ancrer durablement l’ESS dans le paysage local. Plus qu’une tendance, c’est une nécessité pour répondre aux défis sociaux, environnementaux et économiques du territoire.
Le Bricobus au service de la jeunesse et de l’animation territoriale
Véritable atelier mobile, le Bricobus sillonne l’île pour aller à la rencontre des habitants. Pour Maé Bridier, directrice des Compagnons Bâtisseurs de Saint-Martin, l’objectif est de « transmettre des savoir-faire pratiques en matière de bricolage, petites réparations et entretien courant, tout en favorisant l’autonomie des locataires du parc social ».
D’octobre à décembre, le Bricobus concentre ses actions autour de trois grands axes. En premier lieu, le programme d’action jeunesse qui propose des initiations aux métiers du BTP, des chantiers solidaires et des ateliers de découverte pour développer compétences et appétence des jeunes. Ces actions sont organisées en partenariat avec Nature is the Key, Madtwoz et Mme Dania Amacin à Sandy-Ground. Ce projet bénéficie du soutien de la Cité éducative, de la CAF, du Fonds de développement pour la vie associative, des Bricos du cœur et de la Fondation de France.
Le projet Chrysalide, lui, accompagne les personnes dites « invisibles », éloignées des dispositifs classiques, en misant sur la remobilisation « par le faire » et « l’action concrète ». Ce dispositif, monté en consortium avec l’Alefpa (1), bénéficie du soutien de l’État via le programme financier O2R.
Enfin, le Bricobus poursuit son accompagnement des locataires du parc social avec des chantiers à domicile d’auto-réhabilitation, des dépannages pédagogiques et des animations collectives. Deux chantiers solidaires sont également programmés dans des écoles.
Outil de proximité, le Bricobus contribue également à la prévention cyclonique et à la sensibilisation des familles aux enjeux de résilience, alliant ainsi solidarité, apprentissage et sécurité pour le territoire.
(1) Association laïque pour l’éducation, la formation, la prévention et l’autonomie.
Phase Concept, un « pont pour tous » à Saint-Martin
À Saint-Martin, la solidarité prend souvent racine dans les initiatives locales. L’association Phase Concept illustre parfaitement ce dynamisme citoyen en se définissant comme un « pont pour tous », reliant familles, associations et institutions autour d’actions concrètes.
Lancée avec l’ambition de combler les manques du quotidien, Phase Concept est l’idée d’une jeune femme, Henry-Aude Marie Yacoub Chabrol. Sa démarche repose sur une idée simple. « Je veux mutualiser les forces disponibles pour répondre aux besoins pressants des habitants, notamment dans les quartiers les plus fragiles. » L’association, qui agit à la croisée du social et du communautaire, favorise ainsi sur la mise en réseau, préférant jouer le rôle de catalyseur plutôt que de structure isolée.
En cette rentrée, Phase Concept a coordonné une opération de collecte et de redistribution d’uniformes et de fournitures scolaires. « Alléger le fardeau financier des parents et garantir à chaque élève les conditions minimales pour débuter l’année est très important à cette période. » Grâce à un maillage de bénévoles et à l’appui d’autres associations, des centaines d’articles ont été redistribués dans plusieurs quartiers.
Au-delà du geste immédiat, l’initiative témoigne d’une volonté plus large : créer des synergies locales pour que l’entraide devienne un réflexe collectif. Dans un contexte où les besoins sociaux sont prégnants, Phase Concept s’impose discrètement, mais efficacement, en démontrant qu’un tissu associatif dynamique peut faire la différence.
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